Pierre Baudis, l’un des enfants de Dominique, avait été candidat aux élections législatives pour la majorité présidentielle. DDM – HAUTE-GARONNE
Dix ans après la disparition de son père Dominique, Pierre Baudis lui rend hommage dans un entretien à « La Dépêche du Midi » et affiche ses ambitions.
La famille de Dominique Baudis n’a pas souhaité d’hommage officiel dix ans après le décès de l’ancien maire de Toulouse, survenu le 10 avril 2014. Pierre Baudis, l’un de ses enfants, salue sa mémoire dans un entretien à « La Dépêche du Midi » et confie ses ambitions politiques
Que vous inspire le dixième anniversaire de la mort de votre père ?
Son action reste très pertinente. Parfois on regarde un film et on se dit qu’il a mal vieilli, ce n’est pas son cas. Dix ans après ce que je retiens de mon père, c’est le visionnaire.
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Visionnaire en quoi selon vous ?
J’étais encore un enfant au moment de l’inauguration du métro mais je me souviens que l’on disait qu’il avait la folie des grandeurs. Je n’ose même pas imaginer ce que serait la circulation à Toulouse aujourd’hui s’il n’avait pas impulsé la construction du métro. Au-delà de l’action locale, je ne veux pas oublier qu’il est aussi l’artisan de la télévision numérique terrestre (TNT) lorsqu’il était président du CSA, à une époque pas si lointaine où nous n’avions que six chaînes dont une payante. Enfin c’était un homme politique au sens premier du terme. Quand il avait créé son mouvement Toulouse pour tous, il voulait ouvrir la politique aux personnes de toutes les tendances. C’était le « centrisme révolutionnaire » comme disait Jean Lecanuet.
Si vous deviez retenir une réalisation emblématique de son mandat ?
Sans hésiter le musée des Abattoirs. C’est grâce à ce projet que le quartier Saint-Cyprien a connu un essor extraordinaire. Auparavant le dynamisme était davantage sur l’autre rive de la Garonne. Il a réussi à rendre ses lettres de noblesse à ce quartier mais aussi développer la rive gauche. Et puis, en découvrant le grand rideau de scène de Picasso sur le Minotaure et en le mettant en valeur dans le musée, on a transformé un lieu dédié à la mise à mort en un grand centre d’art contemporain.
Une rue à son nom, un buste dans la cour du Capitole, l’aéroport rebaptisé… Considérez-vous que les hommages de la ville de Toulouse sont à la hauteur du personnage ?
La famille n’est pas la plus à même de juger cela. Un hommage lui a été rendu par la mairie de Toulouse et par les Toulousains. L’aéroport a été rebaptisé à son nom, ce qui constitue un symbole fort puisqu’il avait voulu donner un nouveau souffle à l’aéronautique, avec Airbus puis la Cité de l’espace. Il était très engagé pour le rayonnement de Toulouse mais aussi dans d’autres combats. Ainsi quand il a été président de l’Institut du monde arabe puis Défenseur des droits, il a toujours cherché à dresser des ponts entre les cultures et à défendre les minorités. Malheureusement son combat le plus dur, ce fut l’affaire Alègre. Son cas fut le premier exemple flagrant d’un acharnement médiatique. Il a œuvré à faire reconnaître la présomption d’innocence mais c’est un combat qu’il aurait aimé ne jamais mener.
Considérez-vous que les accusations dont il a fait l’objet ont en quelque sorte terni sa postérité ?
Cette question, je me la pose souvent. Je suis assez déçu : dix ans après sa disparition, c’est la première chose que l’on retient. C’est dur. Ça prouve aussi que n’importe qui peut être jeté en pâture à la vindicte populaire mais qu’à l’arrivée, il y a une justice et elle fonctionne.